Samedi dernier, le musée Dapper1 organisait une ciné-rencontre autour du film « Viva Riva » réalisé par le cinéaste congolais Djo Tunda Wa Munga. Après plus de 20 ans d’accalmie pour le cinéma congolais qui, depuis 1987 et la comédie «La vie est belle » de Benoit Lamy et Ngangura Mweze, n’avait pas produit de films ; ce nouveau thriller redonne un coup de souffle à ce dernier. En voici un résumé…
Riva, jeune congolais, rentre au pays après de longues années d’absences passées en Angola. Une fois arrivé à Kinshasa où il retrouve son ami J.M., ceux-ci flambent l’argent détourné par Riva de son ancien patron angolais et mènent grande vie à la tombée de la nuit. Lors d’une soirée, le jeune homme tombe sous le charme de la séduisante Nora. Hélas, celle-ci est la femme d’un brigand influent. Mais, prêt à tout pour la conquérir, il ne refrénera pas ses sentiments. Pendant ce temps, l’ancien patron de Riva quitte l’Angola et se lance à sa poursuite, bien décidé à récupérer ses barils de pétrole. Commence alors un passionnant thriller, aux multiples retournements de situations qui ne peuvent laisser le spectateur indifférent…
Au-delà de cette fiction haletante, le réalisateur nous dévoile le portrait d’une ville bouillonnante aux multiples facettes.
«A travers un cinéma de genre avec course-poursuite, rivalités, histoire d’amour, je voulais aussi raconter les quinze dernières années du pays, dominées par la torture, l’agressivité à l’encontre des femmes, et le racisme entre Africains, etc. Je voulais montrer le côté complètement fracassé des gens dans un environnement où tout - l’Etat, la société civile, l’école… - a été laminé» -Djo Tunda Wa Munga.
En effet, il ose aborder des thèmes sensibles et sujets à controverse. Ainsi en arrière-plan, les problèmes de la corruption, de l’homosexualité, de la précarité de la vie, du statut des femmes ou encore de la religion sont posés, pour certains de manières subtiles, pour d’autre indubitablement moins. La violence occupe une place centrale dans ce film, verbale comme physique, elle est présente tout au long de l’histoire, et dépasse parfois le cadre fictif comme Manie Malone, actrice incarnant Nora et présente ce jour-là au musée Dapper, nous le confie. Le tournage des scènes était dans la mesure du possible sans artifices afin de rendre le film le plus réaliste possible. Le caractère sensuel de plusieurs scènes se doit également d’être relevé.

Sortie ciné au Musée Dapper : VIVA RIVA
Enfin, il faut savoir que le tournage entier a été réalisé à Kinshasa, avec des acteurs non professionnels et des techniciens kinois, formés et encadrés par des équipes internationales. Aussi, ce film est tourné en lingala. En revanche, il est indispensable de souligner le parti pris de Djo Tunda Wa Munga : « Viva Riva » ne se prétend pas être un film de genre congolais ou africain, l’origine n’étant pas l’important :
« Je me considère comme un cinéaste qui a des références d’autres cinéastes. L’origine n’est pas si importante. Sergio Leone, un cinéaste italien que j’aime beaucoup, Cronenberg qui est Canadien, Mizogouchi qui est Japonais, est-ce que c’est vraiment leur pays qui est important dans leur travail ? Ou est-ce que c’est plutôt le regard du cinéaste et leur travail personnel qui prend le dessus ? Je dirais que c’est plutôt la deuxième solution. » -Djo Tunda Wa Munga.
Le réalisateur, qui a mis une dizaine d’année pour écrire, trouver les financements et réaliser le film, est un véritable pionnier du cinéma dans un pays sans réelle industrie dans ce domaine. Aussi, pour nourrir ce nouveau et talentueux élan cinématographique, nous vous recommandons absolument de regarder ce film. Vous ne serez certainement pas déçu !
Note :
1) Le musée Dapper est un espace à Paris dédié à la culture africaine et caribéennes, lien du site : http://www.dapper.fr/
2) Source image : Jewanda-magazine.com
